mercredi 14 novembre 2018

Visite du 11 novembre 2018 : Hommage aux morts roscovites de la Grande Guerre


Pour commémorer le centenaire de l’Armistice de la guerre 14-18, l’association Cimetière du Vil a proposé une visite guidée dimanche 11 novembre à 15 heures. 37 personnes ont suivi sous un beau soleil d’automne Dany Guillou-Beuzit revêtue pour l’occasion de son mantel, cape de deuil traditionnelle.

36 000 communes françaises ont érigé un Monument aux Morts entre 1920 et 1929, marché juteux pour les entreprises qui proposaient des modèles sur catalogues aux municipalités. Pour éviter des dérives, l'État a imposé que des commissions départementales contrôlent la qualité artistique des « projets » et vérifie qu’ils ne portent pas d'emblèmes ou d'épitaphes religieux dans les lieux publics, ce qui n’a pas toujours été respecté.

Inauguration le 12 juin 1921
Dans le Finistère, depuis des générations des tailleurs de pierre, des sculpteurs travaillent les pierres du pays, le granit et le kersanton, pour les églises et les cimetières, si bien que les Monuments aux Morts du département sont souvent plus originaux que dans d’autres régions et la commission de contrôle du Finistère était composée de gens compétents, le chanoine Abgrall, le photographe Villard, l’archiviste départemental, M. Waquet, et deux architectes, mais parfois la commission est intervenue tardivement, elle donne par chance un avis favorable pour le Monument aux Morts de Saint-Pol, en 1923, près de trois ans après son inauguration !

Dany Guillou Beuzit a d’abord invité les visiteurs à observer le monument conçu par le Finistérien René Quillivic qui a sculpté les bronzes du fantassin et du marin, les parties en kersanton ont été exécutées par Donnart, sculpteur-statuaire à Landerneau. Le 12 Juin 1921 ont été inaugurés ce monument et une plaque en schiste avec un fronton de kersanton, exécutée également par Donnart, fixée sur le mur ouest de la chapelle des Agonisants à l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz.

158 noms sont gravés sur les deux monuments commé-moratifs mais quatre noms sont différents. Le Livre d’or voulu par le Ministère des Pensions comporte pour la commune 128 noms de ceux qui résidaient à Roscoff en septembre 39 et ont la mention Mort pour la France, 8 noms ne sont pas sur le Monument aux Morts. Pour l’exposition de 2014, 180 fiches ont été établies de morts liés à Roscoff mais très peu sont inhumés dans ce cimetière ou à Kermenguy. En effet, pendant la Guerre, les morts sur le champ de bataille étaient inhumés sur place près des postes de secours et des tranchées ou dans les cimetières des communes les plus proches. Grâce au site du Ministère de la Défense Sépulturesmilitaires, nous savons que 31 Roscovites ont été inhumés dans des carrés militaires communaux ou des nécropoles. 54 sont portés disparus sur terre ou en mer, mais les familles ont parfois mis une plaque à leur mémoire sur leur concession.

Ont été inhumés à Roscoff ceux qui sont morts dans un hôpital des suites de leur blessures ou de maladie dont les dépouilles ont été ramenées rapidement et ceux qui ont été rapatriés par convois à partir de septembre 1920 à la demande des familles. Pour la Bretagne, les corps arrivaient par trains de marchandise à Rennes en provenance des gares de Creil ou de Brienne-le Château et de Marseille pour les soldats de l'armée d'Orient. 39 sont ainsi revenus par convois à Roscoff.

En un siècle, bien des familles ont quitté Roscoff, des tombes ont été abandonnées, trois ont été enlevées en 2016 par la municipalité. Le temps de la visite, les participants ont déposé symboliquement une ou deux bougies sur les dix tombes restantes qui mentionnent chacune un ou deux Morts pour la France et écouté les explications concernant treize soldats.

24 bougies-leds avaient été déposées samedi soir autour du Monument aux Morts par des membres des associations ASSR et Cimetière du Vil et un marque-page conçu par les deux associations a été remis aux visiteurs en hommage aux morts roscovites de la Grande Guerre.