mercredi 9 mai 2018

À LA DÉCOUVERTE DU KERSANTON


Le 2 mai 2018, après une matinée bien pluvieuse et un vent persistant, les visiteurs étaient peu nombreux à répondre à l’invitation de l’association à venir découvrir le cimetière du Vil mais ils ont montré de l’intérêt, ont posé des questions et même pris des notes.


Devant la chapelle Bagot. Cliché Rémy Sanquer.
 Après un rapide historique des cimetières de Roscoff, Dany Guillou-Beuzit a expliqué ce qu’était le kersanton, « la seule roche au monde qui doit son nom à un toponyme breton » d’après Louis Chauris. Le hameau de kersanton, en Loperhet, est à l’origine du terme scientifique de kersantite. Ce n’est pas un granite mais une roche composée d’amphibole, de mica, de feldspath et de quartz. Il en existe plusieurs variétés de composition différente et de couleur allant du gris bleuâtre au presque noir, le plus estimé. Sa particularité : c’est une roche tendre quand elle vient d’être extraite et donc plus facile à sculpter que le granite, qui durcit ensuite à l’air et devient résistante. Elle a été beaucoup utilisée pour la statuaire et dans l’art funéraire en Finistère jusqu’au 20e siècle. Pour un non-spécialiste, il est parfois difficile de le distinguer d’un granite quand il est assez clair.
Tombe de Joseph SALAUN
Nous avons d’abord observé le tombeau néo-classique de la famille Mallebay (1 D-1-1) avec son fronton triangulaire et acrotères, en kersanton, puis la tombe de Joseph Salaun (1D-1-10), récemment remise en état, avec son socle de croix imitant une rocaille, portant un parchemin gravé.
Le monument de Joseph Yves Servet (1D-4 et 5) est sans doute le plus représentatif de ce que permet le kersanton, la finesse de sculpture du canot à clins, de la grosse chaîne d’une ancre de marine reposant sur la rocaille où se devine le nom de l’entreprise de Brest Metterie, à qui Servet avait commandé le monument après avoir obtenu quatre concessions en décembre 1893.


Monument du capitaine SERVET
La chapelle néo-classique de la famille Bagot, commandée par Alphonse Bagot, ancien maire de Roscoff de 1843 à 1848, est signée du tombier brestois Jules Poilleu. La concession à perpétuité est prise en 1875 pour un emplacement de dimensions supérieures aux dimensions habituelles (4,6 m sur 4 m) à l’angle nord-est pour y édifier la chapelle en kersanton de plan rectangulaire.
 
Chapelle BAGOT : détails du fronton triangulaire, acrotères et symbole du sablier ailé








Les tombes jumelles de la famille Pétel, en forme de maies, ne sont pas en kersanton mais en granite gris reposant sur pattes de lion en marbre blanc. Les croix rondes avec feuilles de lierre sont en revanche sculptées en kersanton.


Lors d’une précédente visite, l’histoire de la famille d’Herbais et alliés avait été évoquée, celle de François Xavier d’Herbais de Thun, qui a participé à la guerre d’Indépendance des États-Unis, et celle de ses fils pendant la Révolution.
Nous avons donc simplement regardé les armoiries en kersanton de la tombe la plus à l’est ; à droite, les armoiries de Floyd avec un chevron accompagné de trois corneilles, et à gauche, les armoiries d’Herbais dont le blason est : « d'argent au lion de gueules armé, couronné et lampassé d'or, à l'orle de huit coquilles d'azur», armoiries conjointes surmontées de la couronne comtale et encadrées de lions dressés.






Pour terminer la visite, nous avons tenu à voir deux tombes menacées de disparition avant l’été : celle de Madeleine Péculier, née à Paris et décédée à 10 ans, au préventorium de la clinique de l’Aber avec sa petite croix latine ronde en kersanton, émouvante avec le livre de marbre blanc portant autrefois une photo qui a pâli avec le temps et son petit ange en biscuit (2G-13-2) ; celle de Juste Aimable Potin (2G-10-06), décédé en 1877 ; la dalle de schiste ardoisier où est gravé « gardien de batterie au fort Bloscon » est surmontée elle aussi d’une petite croix latine sur socle en kersanton.